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FONCIER
01.12.2016

Borly II ou la chronique de l’expansion

A Cranves-Sales (74), un comité d’opposants porte des propositions alternatives à la construction d’une zone artisanale, notamment en faisant valoir le déficit alimentaire existant à proximité d’un bassin de population très important, qu’il faudra nourrir même si les énergies fossiles viennent à manquer...

D'une région agricole de montagne, la Région Annemassienne est devenue aujourd'hui l'une des plus dynamiques de France. La pression, tant pour la construction de logements,  que de commerces ou d'infrastructures de transport, y est énorme. L'agglo est classée troisième en France en termes de pollution de l'air, et l'impression de saturation à tous niveaux y est plus que palpable. Les fermes restantes subissent de plein fouet cette pression urbaine féroce. Le coût du foncier atteint des sommets. La circulation du bétail et du matériel est contrainte, les conflits d'usage ainsi que les vols sont nombreux, bref, les paysans se noient progressivement dans un décor de plus en plus hostile.

 

Une zone d'aménagement de plus…

C'est dans ce contexte qu'est apparu le projet de zone dit «Borly II», soit 20 ha sur la commune de Cranves-Sales, dont 8 d'immeubles, et 12 de zone artisanale. Le terrain est plat, «vierge» au sens du BTP puisqu'entièrement agricole depuis quelques milliers d'années. Il avait déjà par le passé fait l'objet de convoitises (jusqu'en 1997 pour la construction de l'autoroute A400 dite « transchablaisienne », annulée grâce à la pression populaire et associative ; ensuite pour l'hôpital local, finalement construit ailleurs).  Il aurait été dommage de remettre cette réserve foncière à sa fonction première, celle de nourrir les hommes. Vu le travail réalisé, on a converti la zone en future zone d'activité. Le classement de cette zone agricole en zone d'activité est symptomatique de la manière dont on considère les paysans aujourd'hui. Le foncier agricole reste la variable d'ajustement du développement économique. Pourtant, plusieurs leviers existent pour stopper cette érosion brutale, comme nous le rappelle le comité d'opposants :

 

Un budget et des moyens humains en conséquence

Quand on voit les sommes en jeu pour aider les autres secteurs économiques ainsi que les moyens humains en place, on ne peut que hurler à un peu de rééquilibrage. Pour l'Agglo, il faut une équipe de techniciens à l'écoute des questions agricoles et alimentaires, plus de temps d'échanges avec agriculteurs et citoyens, et un vrai budget !

 

La création d'un fonds d'aide à l'installation sur l'agglomération

En gros, très schématiquement, la collectivité rachète de la terre agricole qui n'a pas de prix donc pas de « valeur » à ses yeux, et la revend pour 14,8 millions d'euros (coût total de l'opération de la zone) au plus offrant, de préférence de la sphère privée. Cette création de valeur sur le dos des paysans doit en partie revenir aux principaux pâtissants.

 

Une zone d'activité agricole pour créer une dynamique

20 ha agricoles peuvent former le terreau de bien des initiatives. Le premier pas est la préservation du foncier par la création d'une zone d'activité dédiée à l'agriculture. Ce « jardin » communautaire de 20ha serait un premier pas vers la levée du principal frein à l'installation agricole qu'est l'accès à la terre et pourrait également participer à la consolidation d'exploitations en place selon les priorités décidées.

 

Raphaël Baltassat, Paysan à Loëx (74)

et Matthieu Dunand, Paysan à  Cranves Sales (74)

 


En téléchargement :

    Télécharger l'article complet paru dans la revue Naturellement n°123
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