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CAMPAGNES SOLIDAIRES


Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.

C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.

C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.

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Le numéro du mois

n° 417 - juin 2025
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L'herbe, alliée du revenu ?


Les dossiers sont disponibles en téléchargement trois mois après parution [voir dans la rubrique ARCHIVES]

Auteur : Jean Claude Moreau, paysan retraité


L'herbe en France ? 14,5 millions d'hectares, excusez du peu ! Dans les années 1950 et 1960, des agronomes comme André Voisin et des paysans novateurs tels qu'André Pochon ont vulgarisé une idée simple : il fallait rendre les prairies — qui représentent la majorité de la sole française — plus utiles aux ruminants, en quantité comme en qualité.
Par souci d'efficacité est arrivé le slogan « L'herbe, ça se cultive », portant l'ambition implicite que l'on pouvait faire de l'herbe comme une culture. Ce titre a été donné à une brochure portée en 1969 par l'Union interprofessionnelle des semences fourragères : si l'herbe se cultive, c'est qu'elle peut, comme n'importe quelle culture, accepter avec profit l'apport des engrais chimiques ! Finie la prairie naturelle, à nous la prairie artificielle !

L'instauration des primes à l'hectare depuis la réforme de la Pac en 1992 a précisément encouragé les paysan·nes à retourner leurs prairies au profit du maïs. Les productions se sont trouvées modifiées comme en Normandie, où le bœuf traditionnel nourri à l'herbe a laissé la place aux jeunes bovins. La part des cultures fourragères, maïs ensilage inclus, qui représentait un peu plus de 30 % des surfaces fourragères principales en 1988, est passée à 36 % en 2000.

Aujourd'hui, la prise de conscience du déficit d'autonomie induit par le système « maïs-soja » remet l'herbe au centre du débat pour orienter nos élevages. La prairie étant un couvert végétal continu, plus elle est durable et plus elle est intéressante du point de vue du piégeage de carbone. Mais cela, les orientations technico-économiques (Otex), qui n'indiquent que des catégories et ne renvoient nullement aux fonctionnalités environnementales et sociales des « exploitations », n'en font pas une statistique.

On sait aussi que mieux l'herbe est valorisée pour sa richesse en protéines, moins il est nécessaire d'utiliser du soja — souvent jugé indispensable pour compenser le déficit du maïs — et donc d'acheter des intrants. Oui, mais… La difficulté consiste à utiliser l'herbe à son mieux : trop jeune, elle est difficile à récolter et le pâturage au printemps humide peut se révéler catastrophique. Trop vieille, l'herbe est devenue de la paille et son intérêt alimentaire a été dilapidé. Surtout, récolter l'herbe est coûteux, et pour le moins sujet à des enjeux compliqués, d'ordre technique, économique et même sanitaire. Les analyses, initiatives et témoignages qui suivent s'accordent sur la résilience des systèmes herbagers et leurs apports à la société. Il a fallu se battre pour obtenir des soutiens à l'herbe quand il n'y avait que des primes pour les cultures. Le combat continue.

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