Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.
C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.
C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.
Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation...
Campagnes solidaires, notre, votre journal, tente chaque mois de restituer les résistances et les espoirs de ces luttes. Nous avons besoin de vous pour continuer ce combat.
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EditorialConstruire notre force collective
Les 14 et 15 mai, le comité national élu au congrès de Langres s'est réuni pour la première fois à Bagnolet. Avec un fort renouvellement, des jeunes, des femmes, il est le reflet de la vitalité du réseau Confédération paysanne. Il va devoir porter les problématiques de chaque territoire tout en ayant conscience de la responsabilité nationale qui lui incombe pour les deux ans à venir.
Nous avons choisi un secrétariat national composé de neuf militant.es, pour plus de collectif, une meilleure répartition du travail, être le plus représentatif, avec notre diversité. Dans ce souci d'être fidèles à la construction collective de notre projet et de nos revendications, trois porte-paroles ont été élus. C'est une décision politique qui met en avant la nécessité de faire front commun et permet d'être plus fort.es pour faire face aux urgences dans un contexte national qui empire. Pour la première fois dans l'histoire de notre syndicat, un paysan d'outre-mer siège au SN ! Pour contrer le sentiment récurrent que nos délégués des Drom ont d'être à part et invisibilisés, nous avons voulu joindre la parole aux actes. Après une belle motion sur le Posei votée à l'unanimité en congrès, il est urgent que la Confédération paysanne dénonce avec force l'injuste répartition des soutiens à l'agriculture d'outre-mer, le monopole des cultures d'exportation au détriment de l'agriculture paysanne et de la diversification, « la vie chère », le manque de reconnaissance de l'État, les relents coloniaux de la politique française... (cf. p. 6-7)
Dans ce contexte national, les mouvements progressistes sont sciemment diabolisés et l'extrême droite banalisée. Les mouvements néo-fascistes et de l'ultradroite sont autorisés à marcher dans les rues de Paris, les soutiens au peuple palestinien sont traînés en justice pour apologie de terrorisme et antisémitisme. Le tout enrobé par la propagande des médias aux mains des pires milliardaires. Nombre d'intellectuels alertent sur les parallèles qu'ils font entre notre époque et les années 1930. « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », écrivait Antonio Gramsci, grand intellectuel antifasciste italien de l'entre-deux-guerres (1).
Même refrain dans le milieu agricole : certains agissent en toute impunité, alors que nous subissons une répression féroce systématique. Les deux poids, deux mesures, comme politique intérieure, bafouent l'État de droit.
La loi Duplomb est à l'image de cette politique rétrograde. En plein effondrement climatique et de la biodiversité, l'égoïsme, les intérêts privés et le populisme continuent de progresser. Une partie des élu.es de l'hémicycle, par calculs électoralistes, se fait les relais pour défendre les intérêts des plus puissants et de l'agro-industrie.
Il va falloir marteler encore, toujours plus fort, que les paysannes et paysans ne veulent pas de néonicotinoïdes, de mégabassines, de productions animales industrielles. Les premières victimes de ces outils au service de la compétitivité, ce sont les paysan.nes. Il va falloir continuer à batailler pour faire entendre que ces fausses solutions détruisent notre pouvoir agronomique, notre autonomie décisionnelle et, in fine, notre souveraineté alimentaire. Ce ne sont pas ces mirages qui sauveront notre revenu et notre futur. Les vraies solutions, elles sont portées par l'agriculture paysanne.
Dans ce numéro, le dossier sur les systèmes herbagers en fait la démonstration. Le combat est politique, le monde agricole est prêt, pour peu qu'il soit soutenu à la hauteur des enjeux. Dans les deux prochaines années de cette mandature, la Pac sera renégociée. La Confédération va s'atteler à défendre une répartition plus juste, nécessaire pour la construction d'un avenir vivable et enviable.
Le secrétariat national de la Confédération paysanne
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